C'était la première fois, et j'aime les premières fois! Tonnerres de Brest! Que c'était bien! Que c'était bon! Riche de rencontres, de vaisseaux, d'équipages, de pirates, de musique... C'était en juillet 2012, quelques artistes avaient été invités pour travailler au coeur de la fête. J'avais exposé des grandes toiles, au Seamen's Club; aux Gens de Mer, mon QG au Quai de la Douane! Mais plus que tout, je savais que j'avais un rendez-vous important.
L'affiche de l'expo avait eu beaucoup de succès!
J'avais croqué à pleines dents les quais des Tonnerres, loin de mon sud natal. Mais Brest me happait, et j'y revenais avec fougue. Oui, je jubilais et savais que j'y ferais des rencontres improbables et belles, évidentes et définitivement maritimes. Mais je savais plus que tout que j'avais rendez-vous avec un majestueux cap-hornier, un 4 mâts barque qui m'avait séduite au delà de ce que j'avais pu imaginer...
La première fois que je l’ai vu, c’était le 6 avril 2012 à précisément 7h15. J’étais à bord de la pilotine avec l’ami pilote Jacques. Le 4 mâts barque Kruzenshtern faisait route sur Sète...c’est là que tout a commencé. Sa silhouette nous été apparue sous un ciel brumeux, il était posé sur l'horizon et c'est quand nous l'avons véritablement approché, et qu'il devenait de plus en plus net, que le rêve a pris place...Une semaine à bord pour les fêtes d'Escale à Sète, une rencontre déterminante, une amitié silencieuse naissante, comme un hazard de la vie qui nous réunit à nouveau sur les quais des Tonnerres! Que j'aime mon métier.....
Il est sur la première du carnet, sur la couverture, et sur toutes les autres ou presque...
Il est sur les 2ème et 3ème pages du carnet, et sur toutes les autres ou presque...
L'Etoile du Roy et l'Etoile Molène accostées au même quai., au premier bassin. C'est le 13 juillet 2012, il fait froid, je travaille à même le sol calée sur une petite marche contre un mur, c'est parfait. Ils viennent de Saint Malo. C'est le Renard que je veux! Où est-il?? L'ami Surcouf m'a dit qu'il fallait que je vois le Renard...
Les cadets du Kruzenshtern posent. C'est aujourd'hui déjà, que tout se décide.
Sac à bord en septembre, j'ai rendez-vous à Vigo!
LE RENARD: ce jour là, je me suis pris une aussière sur la tête, pourtant bien en retrait pour travailler.
Le plus espiègle de la flotte malouine Etoile Marine est armé de 10 canons! Le Renard est la réplique du célèbre cotre de l'intrépide corsaire malouin Surcouf! L'ancêtre de mon ami, NN.Surcouf, malouin aussi, avec un nom pareil, et marin.
Etoile du Roy est un 3 mâts de 47 mètres de long. Navire amiral de la flotte Etoile Marine, Etoile du Roy est une frégate corsaire, réplique du XVIIIème.
Un balai incessant de voiliers, frêles esquifs, petites embarcations, au milieu du bassin. Droit devant, dans l'arrière plan du décor et au premier plan dans la page, le magnifique Sjökurs, express côtier norvégien construit à Hambourg en 1956. Ce vieux
« costal express liner » effectuait les liaisons maritimes de passagers et
marchandises entre les ports.Il est robuste et peut affronter le climat hostile et glacial de l'Atlantic Nord. Il a été transformé en navire école depuis 2000. Il mesure 82m de long, ses lignes sont très harmonieuses, il est vraiment très beau avec ses coursives extérieures.
Et le Bélem, majestueux Belem qui arrive au point de son accostage devant une foule qui s'est amassée sur le quai pour l'accueillir. On perçoit crescendo et qui s'élève à l'unisson, Un fameux 3 mâts chanté par des voix masculines, aux timbres magnifiques et graves. Le refrain bien connu confère à cet accostage une dimension de rêve.
Je suis maintenant à bord du fameux 3 mâts, plage avant au calme, pour finir le dessin du grand foc, tandis que le futé Renard glisse devant mes yeux, il rentre au port. J'irai le rejoindre après les servitudes de son accostage.
Le Renard, retour de Mer.
Et puis il y a sur les quais des Tonnerres des rencontres improbables et belles. L'apéro un peu trop tôt pour moi, mais difficile de refuser! Prise dans une belle et sympathique embuscade par une équipée de bon vivants, c'est par Pascal que commencera la série de dédicaces sur peau, sue le bras, puis ici... et ailleurs...!
Ils m'auront embarquée dans leur sillage de bonheur, entre amis et avec la famille, le bilig sur la table, les galettes, le bon vin, l’accordéon dont Pascal joue à merveille. Mais aussi et surtout un moment de convivialité, de générosité, et d'émotion qui a été pour moi, au coeur de ces Tonnerres au rythme de travail un peu fou, un véritable sas de décompression, la cerise sur le bateau! La maman de Renan au centre, est juste la plus belle voix du littoral breton. Chair de poule et yeux humides.
Chaque jour en milieu d'après-midi les carnettistes ralliaient leur quartier général au quai de la Douane, le Fourneau. Le public venait nombreux à la rencontre des artistes pour des séances de dédicaces ou simplement les regarder fignoler le dessin du jour, échanger. Le Fourneau ne désemplissait pas de 15 à 19h
chaque jour!
Agnés Bellec présidente de l'association Enki a des liens trés forts avec ce lieu attachant. C'est ici qu'elle invite tous les 2 ans les artistes baroudeurs, carnettistes devant l'éternel, pour le grand week-end du festival des carnets de voyages de Brest: Le festival Ici&Ailleurs. http://www.ici-ailleurs.net/
Nous nous préparons à une joute verbale truffée d'insultes réglementaires de pirates avec espoir de rallier un public nombreux dans notre équipe!! J'ADOOOORREE!!!
Quel trio! Wilfrid et son équipage sont très heureux dans leurs vies de pirates. Nous espérons nous retrouver à Sète pour notre fête maritime Escale à Sète. Prions Neptune!
L'équipage de Long John Silver est venu partager un verre au Fourneau. Mes pirates posent fièrement devant le mur de dessins qui se remplira au jour le jour, c'est le début! Le dernier jour, il n'y aura plus assez de place pour tout accrocher!!!
Mais que serait le Fourneau sans mes fidèles amies les timbrées? Christine et Roswitha, artistes talentueuses mondialement connues du monde du mail art, du street art. Elles encadrent notre nouvel ami du jour, le jeune Arthur, sous marinier dans la Royale.
Brest, Métropole Océane, le bout du monde...
Elle a changé d'endroit pour la fête mais elle est là:
L'ABEILLE BOURBON
Ils
reviennent encore à l'heure des marées
S'asseoir
sur le muret, le long de la jetée
Ils
regardent encore au delà de Bréhat
Respirant
le parfum du vent qui les appelle
Mais
il est révolu le temps des Terres Neuvas
La
race des marins, chez nous ne s'en va pas
Loguivy de la mer, Loguivy de la mer
Tu regardes mourir les derniers vrais
marins
Loguivy de la mer, au fond de ton vieux
port
S'entassent les carcasses des bateaux déjà
morts
Ils ont connu le temps où la voile était
reine
Ils parlent des haubans, des focs et des
misaines
De tout ce qui à fait le charme de leur vie
Et qu'ils emporteront avec eux dans
l'oubli
Mais s'il s'est révolu le temps des
cap-horniers
Il reste encore chez nous d'la graine
d'aventurier
Loguivy de la mer, Loguivy de la mer
Tu regardes mourir les derniers vrais
marins
Loguivy de la mer, au fond de ton vieux
port
S'entassent les carcasses des bateaux déjà
morts
Je n'ai jamais su dire ce que disent leur
yeux
Perdus dans ces visages burinés par le vent
Ces beaux visages d'hommes, ces visages de
vieux
Qui savent encore sourire et dire à nos vingt
ans
Remettez vos cabans, et rompez les amarres
Allez-y l'avant, mais tenez bon la barre.
Loguivy de la mer, Loguivy de la mer
Tu regardes mourir les derniers vrais
marins
Loguivy de la mer, au fond de ton vieux
port
S'entassent les carcasses des bateaux déjà
morts
chaque jour!
Agnés Bellec présidente de l'association Enki a des liens trés forts avec ce lieu attachant. C'est ici qu'elle invite tous les 2 ans les artistes baroudeurs, carnettistes devant l'éternel, pour le grand week-end du festival des carnets de voyages de Brest: Le festival Ici&Ailleurs. http://www.ici-ailleurs.net/
Que seraient les quais des Tonnerres de Brest sans la piraterie?
ARNAUD de la Compagnie Les Ecumeurs de Rêve
Il est le vrai, le seul, l'unique, le magnifique Long John Silver
Nous nous préparons à une joute verbale truffée d'insultes réglementaires de pirates avec espoir de rallier un public nombreux dans notre équipe!! J'ADOOOORREE!!!
WILFRID WERY
Il est le vrai, le seul, l'unique, le magnifique Long John Silver
http://www.piratenbrut.de/contact/
Wilfrid est souvent sollicité pour les photos, c'est un très beau pirate!
Ne sommes-nous pas craquantes?! Oui bon...surtout elle, jeune, jolie, et pirate!!! Mon rêve!
Le grand Horatio Hornblower, regard presque hautin et espiègle, grande classe, signera de sa plume dans mon carnet, un honneur!!
Nous partageons le verre de l'amitié, Horatio est d'une élégance naturelle, obligatoire pour un homme de son rang, tout y est!
Dernière photo avec Wilfrid, le vrai, le seul, l'unique Long John Silver, avant qu'il ne mette le cap vers d'autres horizons.
Tout peut arriver sur les quais des tonnerres!!
Oui je sais, j'ai l'air ridicule, mais j'en crevais d'envie!
Brest, Métropole Océane, le bout du monde...
A Brest au quai de la Douane, précisément quai Malbert, il y a une silhouette de navire qui ne passe pas inaperçue, familière, imposante, rassurante, quand elle est a poste.
L'ABEILLE BOURBON
Et dire que j'allais repartir de Brest sans faire un petit tour sur l'Iroise! L'ami Jacques n'est jamais très loin des remorqueurs, portuaires ou de haute mer. C'est grâce à lui que j'ai embarqué à bord du célèbre RIAS: Remorqueur d'Intervention d'Assistance et de Sauvetage.
Aujourd'hui l'Abeille Bourbon est amarrée au bassin N°5
3ème éperon par 48° 22,218'Nord et 4°28,966'West.
Mais aussi et surtout Mes Tonnerres de Brest se sont soldés par la rencontre avec Thierry CHOQUET, commandant de l'Abeille Bourbon certes, mais homme de coeur, généreux, courtois, discret, humble, et curieux. Depuis ce jour, Thierry est un ami, un de ceux dont on a l'impression d'être liés depuis la nuit des temps, tellement c'est simple, sincère, fluide, évident et clair. C'est par ces mots que je définis toujours mes plus belles histoires avec les marins de ma vie.
En route, et offre moi cet
horizon !
J’avais appareillé de Brest à
bord du remorqueur de haute mer, l’Abeille Bourbon. Dans le métier on dit un
RIAS : Remorqueur d’Intervention d’Assistance et de Sauvetage.
Le commandant Thierry Choquet m’avait
invitée. Nous étions au 5ème bassin sur le quai et sous un crachin
breton qui fait de Brest sa réputation de Métropole Océane. Le loup de mer avait
parcouru le carnet, l’avait refermé en me regardant : « Ok c’est bon, rendez-vous demain matin à 8h30, le zodiac viendra
vous chercher au ponton. En attendant vous pouvez aller à bord travailler, où vous voulez, même
à la machine ! A ce moment précis, mes jambes se dérobent, je savoure. Nous avons échangé à peine
3 mots. J’irai donc peaufiner mon dessin au carré officiers de l’Abeille, pont
5…
La nuit porteuse de rêves avait
été courte. Au petit matin, le quai de la Douane s’éveillait lentement et en
silence. Chez Fifi au Bistrot des 4 vents,
les chaises empilées sur la terrasse, les tabourets retournés sur le comptoir attendaient.
Une dame rinçait à grande eau la devanture, pas moyen de prendre le petit
déjeuner dans mon bistrot préféré. Quelques âmes pas du tout égarées prenaient
un dernier café ici et là, avant de
regagner leur bateau. C’est aujourd’hui, c’est le grand jour, celui de la
grande parade, transhumance de l’armada
qui mettra le cap sur Douarnenez. C’est aux Mouettes que je prendrai un grand café et des tartines avant de
mettre sac à bord.
J’arrive au ponton avec un pied
de pilote, mais à bord à l’heure prévue. Cap sur la passerelle, il doit être là
haut. Oui, le commandant Choquet est sur la place, seul, il m’accueille avec
deux bises. Comme la veille le courant passe : « Bon, moi c’est Thierry et on se tutoie ! ».
Il fait couler du café pour ses invités, moins de dix personnes qui nous
rejoindront à leur rythme. Le décor est planté, je suis consciente de mon
privilège. Mais aussi et surtout très heureuse de rencontrer cet équipage.
J’entends déjà le chant des
sirènes, le bord me happe. C’est viscéral. La Bourbon appareille, la rade de
Brest s’estompe vite dans le goulet. J’aperçois malgré moi, mais en vérité non,
la silhouette de la Jeanne qui n’est
plus que l’ombre d’elle-même, stationnaire à l’endroit le plus reculé de la
base navale…
Les nuages fuyaient massivement
la mer d’Iroise, partaient rouler sur l’Océan et se frotter à la grande houle
de l’Atlantique. Je fondais alors tous mes espoirs sur une mince déchirure qui
laissait passer le bleu du ciel. Des cathédrales de mâtures, de verticales et
d’obliques dessinaient des miracles de beauté sur l’Iroise. Difficile de saisir
cette ambiance dans le carnet. L’Abeille donnait le ton, gardait son cap et sa
vitesse. Tous semblaient l’escorter.
Quelle prouesse ! Thierry avait l’œil partout, calme, efficace, attentionné
avec ses invités. Le grand et mystérieux brise-glace Russe Saint Petersbourg avait appareillé derrière nous, le 4 mâts barque Kruzenshtern, majestueux
cap-hornier, lui avait emboîté le pas.
Radio coursive disait même que Joshua
croisait discrètement dans le sillage de l’Abeille, aux côtés de Pen Duick, de Tara, du Pourquoi pas ?,
du Bélèm
ou de l’Etoile, du Renard et des autres…Frêles esquifs ou
géants de la marine à voile, ils étaient environ un millier. Au milieu d’un Tas
de Pois, à la pointe de Penhir, les lances à incendie de l’Abeille crachaient
des centaines de mètres cube d’eau, très haut dans le ciel enfin bleu. Le soleil était
parfaitement positionné au milieu des deux jets symétriques, comme pour
prolonger la ligne de foi du remorqueur. Plage arrière, nous partagions des
silences, contemplatifs, les yeux remplis d’étoiles devant un tel spectacle.
Les cornes de brume crevaient l’air transparent. Traduire la simple densité de
ce bonheur est impossible.
A 15H, l’Abeille avait mouillé 4
maillons en baie de Douarnenez, au poste 14 par 48° 06,330’ de latitude Nord et
04° 18,319’ de longitude Ouest. Je quittais le bord à regret, en me retournant.
Thierry n’avait pas pu me retenir et m’a donné rendez-vous en Novembre à
Ouessant. Dans la nuit je mettrai le cap vers mon Sud natal…
Il y avait eu une fameuse ambiance à Brest sur
les quais des Tonnerres. Invitée pour croquer les 20 ans de la fête, j’étais
venue chercher aux confins du bonheur un apaisement après une période de tourmente. Un
apaisement, une reconnaissance du travail car je n’étais pas là pour tricoter, mais aussi et surtout je voulais la mer, ses
vaisseaux et ses équipages, loin de l’agitation des quais que les terriens
piétinent en quête de rêves d’ailleurs. Moi aussi.
A bord de l’Abeille je
contemplais le bord du monde, rêveuse. Je me sentais en sécurité au creux de
ses bras protecteurs. L’esprit ailleurs, tu étais le gardien de ma quiétude. Mille
mercis commandant. A bientôt à ton bord.
Nous laissons les Tonnerres dans le sillage de l'Abeille...Que j'aime mon métier!
Retrouvez l'intégralité de ce carnet dans son jus d'origine, avec à la suite des Tonnerres, l'embarquement sur le Kruzenshtern (Route au 205...) et Un cargo pour Marseille.
Si Neptune y consent, je serai présente au Festival des Carnets de Voyages Ici&Ailleurs de Brest en juin 2013 pour dédicacer le carnet:
Mes Tonnerres de Brest
suivi de
Route au 205 en droiture sur Santa Cruz de Tenerife
et
Un cargo pour Marseille
Si Neptune y consent, je serai présente au Festival des Carnets de Voyages Ici&Ailleurs de Brest en juin 2013 pour dédicacer le carnet:
Mes Tonnerres de Brest
suivi de
Route au 205 en droiture sur Santa Cruz de Tenerife
et
Un cargo pour Marseille